L'année astronomique 2025 commence en fanfare avec un alignement de six planètes du Système solaire les nuits du 20 au 25 janvier. Certaines rumeurs affirment que c’est l’arrivée imminente d’une catastrophe, mais pas d’inquiétude ! Il s’agit en fait d’un phénomène astronomique rare mais inoffensif. Mieux encore, cela sera l’occasion de voir plusieurs planètes du Système solaire au cours d’une même soirée.
L’Observatoire de la Côte d’Azur sera mobilisé sur d’autres campagnes d’observations scientifiques et ne proposera pas de soirées d’observation. Il est recommandé de ne pas se rendre sur les sites du Mont-Gros ou du Plateau de Calern afin de ne pas déranger les travaux des astronomes.
Néanmoins, voici quelques explications et des conseils pour vous permettre de profiter de cet évènement.
Qu'est-ce qu'un alignement planétaire ?
L’alignement planétaire désigne un cas de figure où il est possible de voir plusieurs planètes dans le ciel nocturne au même moment. On s'aperçoit alors qu'elles semblent suivre une ligne, d’où le nom... même si elles ne sont pas vraiment alignées !
Pour que cela se produise, les planètes doivent être dans une même portion du Système solaire, avec la Terre située à une extrémité de cette portion.
Disposition des planètes autour du Soleil le 21 janvier 2025. Elles sont « regroupées » dans une partie du Système solaire avec la Terre à une de ses extrémités. Depuis la Terre, on les voit dans un même champ de vision (entre les deux traits rouges.) Image simulée avec le logiciel Celestia.
Étant donné que les planètes les plus éloignées du Soleil tournent plus lentement autour de lui (environ 84 ans pour Uranus et 164 ans pour Neptune), une configuration de ce genre avec beaucoup de planètes, en particulier les plus lointaines, est plutôt rare. Elle survient plusieurs fois pendant quelques années, puis nécessite parfois d’attendre jusqu’à une centaine d’années pour de nouvelles occurrences (voir le calendrier des prochains alignements notables).
Pourquoi les planètes semblent-elles alignées sur le ciel ?
Au début de notre Système solaire, les planètes se sont formées dans un disque de gaz et de poussières autour du Soleil. Elles gravitent maintenant autour de notre étoile avec des trajectoires légèrement inclinées par rapport à ce disque et par conséquent diversement inclinées les unes par rapport aux autres.
Vue du Système solaire par la tranche. En s’aidant du plan de l’orbite de la Terre autour du Soleil (l’écliptique, en rouge), on constate que les orbites des planètes (en bleu) ne sont pas coplanaires. Image simulée avec le logiciel Celestia.
C’est cette petite différence qui fait que, depuis la Terre, les planètes occupent non pas une ligne mais une mince bande dans le ciel. On l’appelle la bande zodiacale, car elle traverse les treize constellations du zodiaque (Ophiuchus, appelée aussi Serpentaire, étant la constellation si souvent oubliée).
Les planètes du Système solaire sont donc vues en permanence dans cette bande zodiacale. Ainsi, quelle que soit la période de l'année, elles semblent toujours alignées entre elles sans l'être exactement ; mais comme elles sont rarement toutes visibles dans le ciel au même moment, on ne s'en rend pas forcément compte.
Que verra-t-on vers la fin janvier 2025 ?
Les nuits du 20 au 25 janvier 2025, les planètes Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune seront observables dès le coucher du Soleil, vers 18h30 heure locale (les heures sont données pour Nice, comptez 20 minutes plus tard pour Paris et 40 minutes plus tard pour Brest.)
Ces planètes apparaîtront dans plus d’une moitié du ciel, dans un arc qui s’étend du nord-est jusqu’à l’ouest en regardant en direction du sud (si vous êtes dans l’hémisphère nord) ou en direction du nord (si vous êtes dans l’hémisphère sud.) Du fait de la rotation de la Terre sur elle-même, les planètes défileront ensuite doucement vers l’ouest où elles se coucheront ; Vénus et Saturne en premier, vers 20h30 ; et Mars fermant la marche à la toute fin de la nuit.
Le ciel au coucher du Soleil à Nice le 21 janvier 2025. Image réalisée avec le logiciel Stellarium.
Pour les retrouver, il faut pouvoir les différencier des étoiles. Il y a une astuce : à l’œil nu, une planète ne scintille pas. En plus de cela, Jupiter et Vénus se repèrent facilement à leur éclat très brillant, tandis que Mars, plus discrète, se reconnaît grâce à sa teinte orangée.
Les étoiles et constellations vous aideront à retrouver les planètes. Par exemple, Jupiter sera entre la constellation d’Orion (le grand rectangle avec trois étoiles alignées à l’intérieur) et les Pléiades (le petit groupe d’étoiles brillantes très rapprochées.)
Comment observer ?
Des clubs d’astronomie profiteront peut-être du phénomène pour observer les six planètes en une seule soirée. Vous pouvez vous rapprocher d’eux pour plus d’informations : annuaire des clubs d'astronomie.
Vous pouvez également vous lancer vous-même dans des observations en solo, en famille ou entre amis. Les planètes du Système solaire ne demandent pas beaucoup de matériel pour être aperçues : quatre seront bien visibles à l’œil nu dans le ciel. Voici toutefois quelques conseils pour une soirée d’observation réussie.
Éloignez-vous des lumières des villes
Elles masquent l’éclat de la plupart des astres. Préférez les coins reculés où la nuit sombre sera plus propice à votre chasse aux planètes.
Il existe en France Métropolitaine cinq réserves internationales de ciel étoilé dans lesquelles les communes ont pris des mesures pour limiter l’impact des lumières sur les observations ; vous y aurez un bon ciel.
Ces réserves sont : le territoire « Alpes Azur Mercantour », le parc naturel national des Cévennes, le parc naturel régional du Vercors, le parc naturel régional des Millevaches en Limousin et le Pic du Midi de Bigorre.
Équipez-vous de lumières rouges
L’éblouissement est un fléau en astronomie : la lumière blanche d’une lampe de poche forcera les yeux de tout le monde à se réadapter à l’obscurité (10-20 minutes). Pour éviter ce désagrément, il est conseillé d’utiliser des lumières rouges, bien moins agressives. Si vous n’en avez pas, vous pouvez fixer un emballage transparent rouge à une lampe de poche à l’aide d’un élastique.
Couvrez-vous et prévoyez des boissons chaudes
Le conseil paraît anodin, mais beaucoup de personnes se font surprendre lors de leur première session nocturne : immobile dans la fraîcheur et l’humidité de la nuit – en hiver de surcroît – il est facile de prendre froid. Des doubles couches de vêtements et thermos de café/thé seront donc bienvenus.
Prenez des jumelles si vous en avez
Vénus, Mars, Jupiter et Saturne seront visibles à l’œil nu, mais Uranus et Neptune sont trop peu lumineuses pour nos yeux. Si vous voulez les apercevoir, il vous faudra des jumelles. Ne vous attendez pas à voir autre chose que des points : ces planètes sont trop lointaines.
Repérez-vous avec une carte du ciel
Les différentes constellations et leurs étoiles clés seront des points de repères sur lesquels vous appuyer pour retrouver les planètes, surtout aux jumelles et au télescope où il est facile de se perdre. Vous pouvez faire appel à des applications PC/smartphone comme Stellarium ou Sky Tonight pour vous aider.
Profitez-en pour regarder d'autres objets célestes
Ces soirées seront une porte ouverte à l’observation astronomique. En plus de voir les planètes, vous aurez l’occasion de découvrir les constellations comme la Grande Ourse et la Petite Ourse, des objets célèbres comme l’amas ouvert des Pléiades ou la galaxie d’Andromède (s’il fait bien sombre).
Si le ciel n'est pas visible, ce n'est que partie remise !
L’astronomie est très dépendante de la météo, et il arrive souvent que des nuages viennent gâcher la fête. C’est hélas la dure loi des observations !
Si cela arrive, voici une consolation : non seulement l'alignement s'étendra sur plusieurs nuits, mais il y en aura d'autres cette année. Fin février notamment, où Mercure s'ajoutera au spectacle pour former une grande parade de sept planètes en début de soirée. Un troisième alignement est prévu les fins de nuit de la mi-août.
L’Observatoire de la Côte d’Azur vous souhaite d’excellentes observations !
Robin OSSTYN, Pierre CRUZALÈBES